- Article précédent: Des enquêtes plein les oreilles : « Splann ! » se lance dans le podcast
- Article suivant: Découvrez les enquêtes publiques et projets d'aménagements en cours en Bretagne en avril 2024
Crééé en 1964 à Lamballe, la Cooperl est aujourd’hui bien loin du petit groupement de 25 éleveurs des origines. Devenue une multinationale du porc, la…
La commune de Landunvez (29) est traversée par Le Foul, un ruisseau qui se jette dans la mer au niveau de la plage de Penfoul, spot de baignade prisé par les vacanciers. Pourtant, il s’agit d’une des plages les plus polluées du secteur, selon une étude menée par l’association Beautifoul, constituée en 2022 dans le but « d’alerter sur la pollution bactériologique chronique du Foul ». Une pollution issue de l’agriculture intensive pratiquée autour du ruisseau : l’élevage porcin, bovin et la culture de maïs. En 2022, Splann ! avait documenté l’extension contestable de la plus grande porcherie du secteur. Le pôle régional spécialisé dans les atteintes à l’environnement a depuis ouvert une enquête préliminaire à son sujet.
En mai 2023, le président de l’association, Fabrice Hamon, déposait une plainte contre X pour l’acte de sabotage dont il dit avoir fait l’objet, après avoir retrouvé une roue de sa voiture déboulonnée.
Loin d’être découragée, l’association a continué d’analyser la qualité de l’eau à la recherche d’Escherichia coli, une bactérie intestinale contenue dans les excréments des animaux. Les résultats des 184 prélèvements effectués entre 2017 et 2024 (par l’association et le schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, le Sage) sont sans appel : le seuil de pollution autorisé est dépassé dans 65 % des cas, notamment lors des épisodes pluvieux.
« Le ruisseau du Foul est extrêmement pollué quand il pleut, toute l’année, et surtout pendant les périodes de baignade, au printemps et en été », alerte Beautifoul dans le document de synthèse que Splann ! rend public. Selon les données publiées par l’association, la dose moyenne annuelle d’Escherichia coli s’élève à 7.949 unités/100 ml. Et ce, alors même que la directive européenne « baignade » considère qu ‘il y a une pollution au-delà de 1.000 unités/100 ml. « Cela signifie que le Foul est sept fois pire que la plus mauvaise des eaux selon les critères de qualité de baignade », alerte le document.
À titre de comparaison, à Paris, les eaux de la Seine ont été jugées trop polluées pour accueillir des épreuves des JO pour des taux d’Escherichia coli supérieures à 2.000 unités/100 ml. « Au même moment, le taux était de 25.000 dans le Foul », nous apprend Beautifoul.
L’Agence régionale de santé (ARS) effectue également des prélèvements pour surveiller la qualité des eaux de baignade de la côte finistérienne. Mais elle prélève des échantillons en mer et non pas dans le ruisseau. Les échantillons prélevés par l’ARS sont donc fortement dilués. Autre pratique : l’ARS écarte de ses statistiques les taux de pollution les plus élevés, lors des grands épisodes de pluie, les jugeant « accidentels ». Alors même que la plage est fermée par prévention. Une incohérence qui a mené à la condamnation de l’ARS bretonne par la justice administrative en juin 2023.
Au vu de ces résultats, Beautifoul réclame l’interdiction de la baignade dans le Foul, dans sa partie qui s’écoule sur la plage. En attendant, elle devrait mettre en ligne dans les prochaines semaines un site web développé en partenariat avec l’université de Bretagne occidentale (UBO) pour suivre la pollution au quotidien.